Il paraît que les gens du lac Beaulne à Chertsey ont la réputation d’être malcommodes: Ils ont obtenu l’interdiction des bateaux à moteur sur leur lac; ils arrêtent les VTT qui roulent sur le chemin autour du lac et l’année dernière ils ont osé dire NON au projet de la firme Cima+ qui avait l’aval de la municipalité pour construire un nouveau barrage au coût de 780 000 $ au lac Beaulne.
Défier la grande firme d’ingénieurs Cima+ n’est pas une mince affaire ! Elle aura des répercussions sur tous les projets de réhabilitation de 14 autres barrages, dont certains à forte contenance, sur le territoire de la municipalité pour lequel la firme Cima+ a reçu le mandat de produire des plans et devis, représentant des coûts de dizaines de millions de dollars! C’est beaucoup d’argent pour une municipalité qui est parmi les plus pauvres au Québec.
Les gens du lac Beaulne n’ont pas plié l’échine face à la nouvelle des coûts qui les attendaient. Ils se sont montrés sceptiques vis-à-vis des affirmations des ingénieurs de Cima+ voulant que les coûts pour un barrage seraient essentiellement les mêmes que les coûts pour un barrage avec chemin dessus („peut-être des glissières en plus“) et résistaient à l’idée d’un barrage qui utilisait du béton. Et ils ont demandé au conseil de leur accorder du temps pour trouver une alternative.
Malheureusement le conseil n’était pas très à l’écoute de ses citoyens. Tout était réglé et les gens du lac Beaulne n’avaient qu’à payer le prix. Seul un conseiller, Sylvain de Beaumont, a été attendri par le cri du cœur des gens de son district. Il s’est dit: «Nous devons écouter les citoyens! Nous sommes là afin de travailler pour eux et non contre eux!»
Il a donc prêté main forte et soutenu les gens du lac Beaulne dans leurs efforts de faire comprendre à la municipalité qu’on devait trouver une autre solution moins coûteuse et que c’était vital non seulement pour le barrage du lac Beaulne, mais également pour les autres barrages par la suite.
Ce soutien était grandement apprécié car les gens du lac Beaulne ont dû exprimer leur désaccord avec le projet Cima+ en signant le registre et - puisque la municipalité ne comprenait toujours pas - en passant par un référendum qui a récolté 94 % des voix.
Dans cette cause nous avons devant nous un modèle de collaboration citoyenne: des personnes engagées et intègres qui n’abandonnent pas face à l’adversité et effectuent eux-mêmes le travail de recherche de solutions que normalement est fait par des professionnels qui sont, en plus, payés pour le faire.
Ces personnes n’étaient pas en reste jusqu’à ce qu’ils trouvent ce qu’ils cherchaient: une alternative au projet de 800 000 $, alternative plus économique (278 000$), plus écologique et plus sécuritaire! Encore fallait-il convaincre la municipalité qui se montrait peu ouverte et plutôt sceptique. C’est là que ces braves gens se sont cotisés pour demander à la firme d’ingénieurs Rappel - une Coop à but non lucratif qui a à cœur de trouver des solutions en accord avec la Nature - de préparer une étude de préfaisabilité. Le 22 janvier 2021, forts de cette étude, les ingénieurs ont fait une présentation devant le conseil et le maire. Cette présentation était tellement convaincante que la municipalité a mandaté la firme Rappel afin de préparer des plans et devis pour ce barrage alternatif.
Vous allez dire que c’est un Happy End? Oh non, pas encore. Il y a encore des étapes à franchir. Présentement les plans et devis se trouvent aux différents ministères qui doivent y apposer leur certificat d'autorisation. Le suspens est à son comble! Est-ce que le lac Beaulne aura son nouveau barrage en 2022? Ou est-ce que les gens du lac Beaulne devront encore jouer aux malcommodes?
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