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vue sur le Lac Beaulne

 

LA PETITE HISTOIRE DU LAC BEAULNE 

                       

Le lac Beaulne avait autrefois un nom anglais car toute la région avait été cartographiée par des arpenteurs anglophones. D’ailleurs, on retrouve des noms anglais dans toute la toponymie du secteur : Chertsey, Rawdon, Saint-Calixte de Kilkenny, etc. Le nom du lac Beaulne vient du premier estivant dont la maison était située à l’entrée du lac, en bordure du terrain de ce qui est maintenant le Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs ; dans les années 50, on pouvait encore voir les fondations de cette maison. Les Beaulne se sont ensuite installés dans la maison sur la butte, au 1371 chemin du lac Beaulne. Ils ont ensuite abandonné la place après la noyade du fils Beaulne qui, au printemps 1956, a fait naufrage avec son canot à moteur alors que toute la glace n’avait pas encore « calé ».   

 

Il y a soixante ans, presque tout le monde accédait au lac Beaulne par la route qui porte actuellement le numéro 335 et qui passait par Pont-Viau, Bois-des-Filion, Ste-Anne-des-plaines, Saint-Lin et Saint-Calixte. Elle n’était asphaltée que jusqu’à ce village ; après c’était un chemin de terre qui desservait Saint-Calixte Nord et les lacs Beaudry et Duffey et allait rejoindre ce qui est maintenant la route 125. L’autoroute 25 n’existait pas ; il y avait bien une petite route qui traversait les villages jadis agricoles de Terrebonne et son étroit pont privé à péage, Mascouche, Saint-Esprit, et Sainte- Julienne mais elle comprenait de nombreux virages à angle droit car elle contournait presque tous les champs des fermes de la région. 

 

Au début des années 50, Henri Duval opérait la scierie dont on peut encore voir les vestiges en aval du barrage. D’après ce qu’a raconté Henri Duval, son ancêtre avait, dès le début du vingtième siècle, installé un « moulin à scie » mobile sur la glace mais comme elle ne pouvait fonctionner que l’hiver et qu’il voulait l’exploiter toute l’année en profitant de l’énergie hydraulique, il a remplacé le barrage de castors qui maintenait les eaux du lac à leur niveau actuel par un barrage en bois puis par un mur de maçonnerie. Sur le site actuel du barrage il est d’ailleurs toujours possible de distinguer sur ses extrémités est et ouest et du côté de l’eau l’ancien béton datant de près d’un siècle et du côté du chemin, le béton « neuf » qui, érigé en 1972, a servi à renforcer la vieille construction.

 

Les bûcherons de la scierie Duval logeaient dans un « campe » à droite du chemin juste avant le barrage ; l’écurie pour leurs chevaux était à gauche et les alentours étaient couverts de piles de bois « rough » et de tas de déchets de sciage et de bran de scie. Le chemin passait à environ six pieds en contrebas du barrage ; il s’arrêtait 200 pieds plus haut dans la côte. Après, il y avait un sentier forestier praticable uniquement l’hiver par les traineaux des bûcherons. Sur la butte de gauche, juste après la scierie, se trouvait un vieux verger à l’abandon. Il avait été planté là par un Français, sans doute un pêcheur qui, pour échapper à la guerre de 1914-18, avait « jumpé le boat » aux abords des côtes canadiennes et était venu se cacher au lac Beaulne. Les ruines de la « cabane du Français » étaient visibles dans le bois, sur la rive nord en face de la presqu’ile des Boucher et constituaient encore dans les années cinquante un terrain de jeu pour les adolescents.     

  

 En 1959, un promoteur de Laval a acheté à la famille Duval tout le terrain entourant le lac Beaulne et il a fait creuser le chemin qui, à quelques détails près, suivait le tracé actuel. Il a immédiatement mis en vente des lots de 70 pieds de largeur.

 

Le premier à venir s’établir le long de ce chemin a été Roméo Marceau, père de Françoise, membre du présent Conseil d’administration de l’APLB. Il y a en a eu d’autres, si bien que la population du lac était divisée en deux groupes : ceux du « village » situé avant le barrage, qui habitaient des chalets confortables munis de l’électricité et qui regardaient avec condescendance ceux d’après le barrage qui s’installaient comme ils pouvaient au milieu des bois, des mouches noires et des maringouins. À l’emplacement du Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs vivait Mademoiselle Emma Curotte qui gagnait sa vie en louant des « cabines » à des prêtres désireux de prendre des vacances et qui avait fait construire pour eux une petite chapelle. À son décès, en 1961, elle a laissé toute sa terre en héritage (à condition qu’elle ne soit pas lotie) à la Société des Pères et Frères des Saint-Apôtres qui ont transformé la petite chapelle en sanctuaire devenu depuis Centre marial diocésain.

 

À cette époque, il n’y avait pas d’électricité à l’ouest du barrage ; nous n’avons été raccordés qu’en 1965 au circuit de la Coopérative d’électricité de Rawdon (achetée depuis par Hydro-Québec). La seule personne ayant le téléphone était Mademoiselle Curotte mais elle ne le prêtait pas. Hormis les magasins généraux de Saint-Calixte et de Chertsey, il n’y avait pas non plus de possibilité de s’approvisionner facilement comme maintenant ; il fallait tout apporter de Montréal. Le boulanger de Saint-Calixte passait bien deux fois par semaine avec sa camionnette ; il vendait du « pain-fesse », des brioches à la cannelle mais aussi des œufs, du lait, parfois quelques légumes et fruits que l’on conservait dans des glacières avec de la glace qu’un homme de Saint-Calixte Nord sciait l’hiver sur les lacs gelés.

 

La plupart des habitants du «village » possédaient des canots à moteur. Chaque année, ils augmentaient la puissance de leur moteur et ils sillonnaient le lac en tirant des adeptes du ski nautique, principalement des jeunes filles superbes dans leur maillot une pièce et qui glissaient harmonieusement en faisant des gerbes d’eau. Ce qui causait quelques ennuis. D’abord, le sillage de ces canots puissants dégradait les rives; ensuite, les canots passaient trop près des quais ce qui gênait les baigneurs ; enfin, ces allées et venues en tous sens sur le lac ont provoqué des quasi-collisions ! Les anciens se sont réunis et, afin d’éviter les accidents, il a été décidé que les canots à moteur circuleraient dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et qu’ils ne devaient pas s’approcher à moins de 50 pieds des quais. C’était le début de la prise de conscience.

 

C’est qu’en ce temps-là, étant donnée la quasi absence de règlements provinciaux et municipaux et leur non-respect, on pouvait tout faire. Le moulin à scie des Duval jetait son bran de scie dans le cours d’eau (ce que le gouvernement a interdit à la fin des années 60) , on pouvait bâtir un chalet au ras de l’eau, déboiser la berge pour dégager la vue, faire baisser le lac à chaque automne pour construire un muret de maçonnerie avec un escalier pour se mettre à l’eau sans fatigue, s’équiper d’une « bécosse » et d’un puisard qui fuitaient dans la nappe phréatique, faire du feu en plein air pour brûler des broussailles et faire griller des guimauves, gazonner jusqu’au bord de l’eau et arroser son gazon avec des engrais chimiques et des herbicides pour tuer les pissenlits.

 

C’est au cours de l’été 1973, que des employés du service gouvernemental de la protection de l’environnement ont convoqué tous les riverains à une assemblée d’information sur la pollution au lac Beaulne. Ils nous ont montré des photographies de nos berges dégradées et nous ont distribué les résultats des analyses de notre eau. En certains endroits du lac Beaulne, on barbotait dans les coliformes ! Nous étions atterrés. Ainsi est né, le 1er septembre 1973, le Comité de l’environnement du lac Beaulne. Ses membres étaient le Frère Benoit Morneau, du sanctuaire, président, les frères Jean-Marie et Marcel Coté, Paul-Émile Bleau, Mme Renée Devirieux, Lucien Achin, Léo Doville et Marcel Charbonneau. C’était l’ancêtre de l’Association des propriétaires du lac Beaulne. 

 

L’APLB a par la suite fait la demande aux autorités concernées afin d’interdire complètement les bateaux à moteur à essence sur le lac et la loi les interdisant date d’août 1994.  Les efforts soutenus de tous les riverains ont aussi portés fruits car la qualité de l’eau est maintenant très bonne et sous surveillance annuelle.

La Scierie Duval en 1958

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